Distinguer Anxiété et Angoisse
L’anxiété et l’angoisse, ces chers invités pas toujours désirés, sont des réponses naturelles du cerveau face au stress. Mais quand ils prennent trop de place à la fête, ils peuvent vite gâcher l’ambiance. Découvrez comment mieux les comprendre, les accueillir sans dramatiser, et retrouver calme et sérénité.
Point de vue du thérapeuteEn cabinet, je ne « lutte » pas contre ces états : je les accueille comme des signaux qui tentent de protéger. Le travail consiste à restaurer un sentiment de sécurité (interne et dans l’environnement), décoder la logique de l’anxiété, apaiser le corps quand l’angoisse se manifeste, puis reprogrammer des réponses plus souples par des expériences guidées (hypnose, respiration, exposition graduée, micro-choix concrets).
Anxiété et angoisse : 2 voisins pas faciles à vivre
L’anxiété, c’est un peu comme ce colocataire qui s’inquiète tout le temps : il voit le verre toujours à moitié vide, parfois même quand il est plein. Elle s’installe en fond sonore, avec ses ruminations et ses scénarios catastrophe. Elle agite l’étage du dessus : notre cerveau. En mode appréhension, il imagine, anticipe, questionne, et dramatise : hypothèses anxieuses, (hyper-)vigilance, agitation mentale, contrôle.
L’angoisse, c’est plutôt le cousin qui débarque sans prévenir : montée brève et intense, sensations corporelles massives. Elle colonise l’étage du dessous : oppression thoracique, souffle court, cœur qui s’emballe, vertiges, impression de perdre pied. Ça surprend, ça dérange… mais ça ne dure pas.
Repères utiles- Anxiété : prolongée, cognitive, « bruit de fond » qui épuise et pousse à contrôler.
- Angoisse : pics courts, corporels, « orages » impressionnants mais limités dans le temps.
- Le but en séance : réduire l’occupation mentale, réguler la physiologie, et réapprendre la sécurité.
Quand les émotions normales prennent un coup de boost
L’anxiété et l’angoisse sont utiles, comme des feux rouges. Quand elles restent allumées trop longtemps, elles nous bloquent : on tourne en rond, on doute de ses capacités, on évite… et l’évitement renforce le problème. Le pivot thérapeutique consiste à réapprendre à traverser ces états en sécurisant d’abord le corps, puis en renégociant les pensées automatiques.
Que dit le corps quand l’esprit panique ?
Derrière ces sensations, le système nerveux autonome orchestre une réponse de protection. L’anxiété se traduit par des tensions, des insomnies ou de l’agitation mentale ; l’angoisse déclenche une tempête corporelle. En thérapie, on commence souvent par redonner du levier au corps : respiration, ancrages sensoriels, micro-mouvements, et hypnose pour désensibiliser la charge somatique et créer des raccourcis de calme.
Caractéristiques | Anxiété | Angoisse |
---|---|---|
Durée | Soutenue, « bruit de fond » parfois quotidien | Flash, orage nerveux bref et intense |
Origine | Multiples facteurs : charge, incertitude, hyper-contrôle, vulnérabilité apprise | Déclencheur parfois flou ; réactivité corporelle rapide |
Manifestations physiques | Tensions, sommeil instable, agitation | Oppression, palpitations, vertiges, « nœud » à la gorge |
Expression mentale | Pensées en boucle, anticipations, « et si… » | Peur vive, impression d’urgence |
Voie de régulation | Psychothérapie, hygiène du sommeil, relâchement du contrôle, hypnose | Respiration guidée, ancrages, exposition graduée, hypnose |
Exemples inspirés des avis (anonymisés)
- Sommeil : « Endormissements plus rapides en quelques séances, j’utilise la respiration 4-6 et l’ancrage appris en hypnose. »
- Pics d’angoisse : « Je ne fuis plus le supermarché ; je pose la main, respire, l’orage passe en 2-3 minutes. »
- Travail : « Moins de ruminations le soir, j’ai repris le sport et je prépare mes réunions sans y penser toute la nuit. »
- Autonomie : « J’ai mon protocole perso : souffle + ancrage + phrase-clé, je me sens outillée. »
- Stop 10 s : nommer ce qui est là (« anxiété/angoisse »), sentir les pieds au sol.
- Respiration 4-6 : inspirer 4 s, expirer 6 s pendant 2 minutes (bouche en « paille »).
- Ancrage sensoriel : main sur le sternum, pression douce, repérer 3 choses à voir/entendre/toucher.
- Phrase-boussole : « Je peux traverser cette vague, elle redescend. »
- Micro-choix : un pas utile (boire de l’eau, message, sortir 5 min, ranger un objet).
Pourquoi ça arrive, et comment reprendre la main
Prédisposition possible, stress cumulés, apprentissages anciens : peu importe l’origine exacte, votre système a appris à protéger fort. Identifier les déclencheurs aide… mais l’essentiel est de changer la réponse. On travaille donc sur trois axes : corps (réflexes de calme), attention (sortir des ruminations), expériences (reprendre des situations évitées en sécurité).
Un petit grain d’anxiété, c’est parfois bien utile
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! Un peu d’anxiété rend attentif et préparé. La thérapie vise la souplesse : être capable d’augmenter ou diminuer l’alerte selon le contexte, sans culpabiliser, en gardant la main.
En séance, concrètement
- Stabilisation : respiration, ancrages, régulation sensorielle, postures « ralentisseuses ».
- Hypnose : visualisations dirigées, réécriture corporelle des réponses d’alerte, accès à des états ressources.
- Déconstruction des boucles : repérer les « et si… », tester des alternatives réalistes.
- Exposition graduée : reprendre les situations évitées en pas mesurés, avec outils de régulation.
- Autonomisation : protocole personnel, fiches-mémo, rythmes de sommeil et hygiène de vie.
Pour conclure
Anxiété et angoisse ne sont pas une fatalité. En apprenant à les reconnaître et à les traverser, vous reprenez le volant de votre vie émotionnelle : plus de clarté mentale, un corps qui sait se calmer, et des journées qui s’ouvrent à nouveau.
Déjouer anxiété et angoisse — Comprendre ses émotions
- Techniques de respiration (4-6, cohérence cardiaque)
- Hypnothérapie (ancrages, désensibilisation, ressources)
- Mode de vie : sommeil, mouvement, alimentation simple
- Soutien professionnel et entourage
- Micro-choix quotidiens plutôt que « grands objectifs »
Pour aller plus loin
- Thierry Langou, Développement personnel pragmatique – Autoédition, 2024
- Bernard Auriol, L’anxiété et l’angoisse, Que sais-je ?, PUF
- Jacques Fradin, L’intelligence du stress, Eyrolles
- Christophe André, Imparfaits, libres et heureux, Odile Jacob