Choisir son thérapeute ?

Pourquoi ce billet d'humeur ?

En réaction aux pseudo-articles d’informations qui circulent régulièrement sur la toile, chez les blogueurs ou sur les sites des magazines, dans d’autres posts ou capsules de youtubeurs où il n’y a guère de contenu informationnel, où il est décrit des catégories de thérapeutes qui ne reposent sur rien, j’ai décidé de réagir plutôt que de ruminer et suis passé derrière mon clavier.

Choisir son thérapeute...

Qualification(s) ou qualité du psy / coach / thérapeute ?

Entre formations, parcours et personne…

Parfois, le principal intérêt de ces articles, orientés sur le choix d’un thérapeute, semble être la promotion de certaines écoles de formation, le prosélytisme disciplinaire ou méthodologique  ou bien de booster l’adhésion à certains syndicats, que rien ne distingue qualitativement des autres, ne garantissant rien d’autre que l’apposition d’une signature sur un chèque ou sur une charte de bonnes pratiques.

Ils font cependant parfois la chasse aux sorcières dans l’univers thérapeutique,  à coup de lieus communs, en agitant le drapeau de la peur du « dérapeute », du psy(-chopathe), à coup de truismes sur le niveau d’études, la garantie (en version quasi-assureur) des formations données par des professionnels du secteur médical, ou des filières universitaires. Ils proposent de séparer bons et mauvais thérapeutes à l’aide d’une argumentation spécieuse ou de critères pseudo-objectifs.

Je reconnais l’intention positive de préconiser un hypnothérapeute formé par des acteurs de la santé ou un psychologue diplômé par des institutions de l’enseignement supérieur; mais ce n’est très souvent qu’après ces cursus que le métier de thérapeute s’apprend !

Je concède tout l’intérêt de fournir à chacun des clés pour trouver la bonne personne pour être accompagné(e) dans des moments souvent plus que délicats de nos vies.

Toutefois, quand je me place en position de consultant/client/patient, à la lumière de mon expérience, je ne suis que modestement rassuré et au final pas vraiment outillé pour faire le bon choix en limitant mes critères de décision en me basant sur le seul cursus de formation initiale, son école/institut certificateur,  ou son adhésion ou non, à tel syndicat ou telle charte de bonnes pratiques.

S’il est légitime, en revanche, que chacun puisse afficher ces éléments d’appartenance dans leur communication professionnelle, ayons le réflexe d’y voir, non pas une assurance-garantie pour le client mais davantage des attributs d’une identité professionnelle du praticien.

De mon cursus initial de psychologue, j’en tire :

  • L’expertise sur ce qui ne va pas, ce qui me sert essentiellement à ôter les étiquettes pathologiques portées parfois par les personnes par une lecture critique et différentielle des tableaux cliniques énoncés.

  • Une vision de modèles développementaux (plus utiles pour informer, conseiller ou rassurer que pour accompagner), en distinguant les passages parfois laborieux ou souffrant à l’approche d’une étape ou lors d’une transition d’un processus pathologique.
     
  • Des connaissances sur le normal et le pathologique qui m’autorise à prendre quelque hauteur sur nombre de diagnostics posés parfois rapidement, avec le constat que 95% des personnes qui consultent en cabinet traversent un contexte délicat et développent ou activent des réponses émotionnelles ou comportementales suboptimum, non-adaptées, voire dysfonctionnelles mais ne souffrent d’aucune pathologie mentale. Et très honnêtement, l’étiquette qualifie davantage le syndrome que la personne.

  • Un lexique spécialisé et une poignée de concepts parfois datés qui m’autorisent à faire l’intéressant lors des repas de baptêmes et mariages.

  • La conscience qu’en savoir plus sur les fonctionnements et rouages psychologiques d’un sujet épistémique abstrait n’est pas toujours utile ou efficace dans l’accompagnement de la personne ou du groupe en face de moi.

Mais surtout cette certitude:

Être détenteur d’un diplôme supérieur (à quoi ? ..d’ailleurs !?) ou de qualification(s) ne me donne en rien la légitimité pour faire, ni la garantie que je sache faire ou pas !

Et donc de me fier à ce que j’observe, (res)sens et perçois, plus qu’à ce que je sais (ou crois savoir), pour décider si j’ai la pertinence pour accompagner telle ou telle personne dans telle ou telle situation.

En revanche, de mes formations continues, post-universitaires et  certifiantes, souvent données en quelques semaines par de grands professionnels, excellents pédagogues et fort belles personnes, j’y ai appris :

  • Les méthodes du changement rapide basées sur la modélisation de thérapeutes de génie, et validées souvent plusieurs décennies plus tard par une meilleure connaissance de notre fonctionnement cérébral, de notre façon d’intégrer et d’utiliser l’information, et par les recherches sur les déterminants de la motivations et de nos conduites de façon générale,

  • L’évolution ou le déploiement  en désapprenant,

  • Une reconnexion à l’humilité, la simplicité et le pragmatisme,

  • La confiance indéfectible dans l’autre et dans son formidable potentiel de changement,  plus que la confiance de posséder une quelconque expertise,

  • Que le travail se fait essentiellement du coté du client/patient et parfois dans la légèreté et la facilité, parfois aussi simplement que l’on fait la courte échelle (mais qui réclame confiance et coopération et rend l’autre, accompagnant ou thérapeute, utile ou parfois nécessaire à certaines étapes),

  • Que le résultat ne naît pas à la sueur du front d’un « psycho-pro » tout-puissant, au cerveau hypertrophié à force d’analyses/réflexions de haute portée, guidant un patient perdu et dépendant.

La question shakespearienne de l'enseignement des thérapeutes

Cela ne remet pas en cause la judicieuse question de la qualité des enseignements professionnels ni la nécessité de faire quelque tri dans la démultiplication des écoles (de moins de 10 structures à plus de 300 enseignes en France en à peine plus d’une décennies, si j’en crois les nombreux échanges avec quelques directions d’instituts historiques) .

La qualité d’un « accompagnant au changement » repose, selon moi, davantage sur ce qu’il est (ou n’est pas) plutôt que sur l’endroit d’où il a été formé ou les outils qu’il maitrise.

De même, la multiplicité des formations et des approches offre peut-être plus d’ouverture thérapeutique, d’agilité et de souplesse qu’un niveau de formation initiale ou un diplôme universitaire.

N’oublions pas l’incontournable travail permanent sur soi auquel le professionnel s’astreint, ainsi que la supervision/intervision et autres échanges de pratiques (auxquels il participe en général avec un grand appétit !).

Psychologue ou Psychothérapeute ?

Le (psycho-)thérapeute ou coach n’est pas un « sachant », spécialiste des problèmes, il est un accompagnant, spécialiste de la co-construction de solutions individualisées et spécifiques.

Mais si après tout cela, la qualification reste encore votre critère, vous pouvez achever de vous rassurer (ou pas) en suivant ce lien-ci, ou bien prendre le temps de lire la suite pour connaître ma vision toute personnelle de mes critères de sélection des accompagnants, thérapeutes ou coachs que je choisis pour moi-même qu’il s’agisse de supervision ou d’un besoin personnel pour dépasser une situation délicate ou “challengeante”.

Quant le psy / coach devient client / patient…

j’ai donc décidé de partager ma vision, mes critères, lorsque je choisis un professionnel du changement pour m’accompagner dans ma démarche d’évolution personnelle ou professionnelle.

Supervision et suivi thérapeutique…

Son expérience, qui ne saurait se résumer à sa formation professionnelle, lui donne :

  • une confiance monolithique dans la capacité de changement de son consultant,

  • une solidité à toute épreuve qui se conjuguera avec une juste appréhension de ses propres limites de compétences,

  • l’amour de son travail (et non pas une béate dégoulinade de bons sentiments sirupeux distillés dans un lexique New Age),

  • un soupçon d’humour et une double dose de recul,

  • une attention indéfectible (bienveillance signifie aussi bien veiller !),

  • une ration de créativité qui confirmera que, lui aussi, sait synchroniser le fonctionnement de ses hémisphères (autrement dit : comment afficher un peu sur soi de ce que l’on va vendre comme chemin de transformation à son client car il est plus rassurant de savoir que l’on parcourt avec un randonneur chevronné !),

  • un vrai style qui montrera que l’approche thérapeutique a su s’intégrer à l’identité du professionnel,

  • l’humilité nécessaire pour prêcher la qualité du lien plutôt de la qualité du protagoniste ou de sa méthode, permettant ainsi l’émergence d’une alliance forte et authentique et d’un cadre promoteur de changement.

En conclusion…

Ne confondons plus…

les psychologues/Psychothérapeutes, maîtrisant une discipline et souvent spécialisés dans l’évaluation de telle ou telle fonction,  approche, et/ou l’accompagnement de telle ou telle problématique ou publics (selon l’âge, la situation en regard d’une situation de handicap, etc.), offrant un cadre sécurisant où nous trouvons la qualité du conseil et un espace de réflexion, d’informations, de prise de recul et de décision.

les psychiatres (médecins hautement spécialisés dans la maladie mentale), qui soignent les difficultés d’adaptation à la réalité, qui administrent des traitement permettant aux personnes en souffrance de maintenir leur inscription dans un environnement social, contribuant à protéger les plus fragiles et leurs proches et à limiter l’apparition de conduites à risques.

les psychanalystes qui revisitent une construction identitaire, et la signification des choses

Avec d'autre part...

les (Truc/chose- , Hypno – ) thérapeutes/praticiens et les coachsdont je me réclame désormais plus volontiers, co-constructeurs de changements positifs, d’évolutions choisies, facilitateurs du dépassement (de la situation-problème ou de soi-même), davantage sherpas que guides.

Psychologue Caen
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