Notre cerveau en quelques chiffres
Petit préambule du psychologue
Le monisme des neurosciences , en simplifiant la pensée et les émotions à l’activité cérébrale, commet une erreur conceptuelle. Bien qu’il existe une relation entre le cerveau et ces aspects mentaux, ils ont des dimensions à la fois biologiques (objectives) et phénoménologiques (subjectives, vécues consciemment) *.
Ainsi, ressentir des émotions ne se réduit pas au fonctionnement des neurones, comparable à un langage codé sans profondeur émotionnelle. Même si des corrélations entre les émotions et l’activation neuronale sont établies, ces niveaux de réalité restent distincts. Cependant, ils pourraient simultanément refléter les mêmes processus psychobiologiques, bien que dans des langages différents.
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À titre d’exemple, en ce qui concerne le diagnostic et le traitement de la dépression, la séparation entre la pensée et le cerveau se retrouve. Les maladies mentales ont des origines multiples, combinant des facteurs génétiques et environnementaux (épigénétique). Les psychiatres, agissant à la fois comme psychothérapeutes et prescripteurs de médicaments, doivent considérer cette complexité.
Pour les patients dépressifs, deux niveaux de réalité sont envisageables. D’un côté, le niveau biologique implique des facteurs génétiques et des dysfonctionnements cérébraux mesurables. D’un autre côté, il y a le niveau psychoaffectif exprimé par le patient, comprenant ses expériences, ses émotions et sa résilience. Ainsi, la thérapie peut être à la fois pharmacologique et psychothérapeutique, complémentaires dans leur approche.
Le vécu exprimé par un patient dépressif, à travers la parole, les expressions vocales et corporelles, a également un impact physique en modifiant le fonctionnement neuronal. La mémoire et la plasticité neuronale sont influencées par ces expériences, illustrant un lien entre le psychique et le biologique.
PSYCHOLOGIE, PENSÉES ou CONSCIENCE
VERSUS
NEUROSCIENCE, CERVEAU ou THÉRAPIE
En résumé, la pensée a un effet biologique objectif en modifiant les connexions neuronales et l’activité cérébrale, mesurable par l’IRMf. Il existe donc une interaction constante entre les aspects mentaux et biologiques, sans qu’ils puissent être réduits l’un à l’autre. De plus, cette interaction est similaire à celle entre l’environnement et les gènes, explorée par l’épigénétique.
En conclusion, bien que les neurosciences offrent une compréhension approfondie du fonctionnement cérébral, elles ne capturent pas la totalité de l’expérience humaine.
Les approches psychobiologiques complémentaires des psychiatres permettent une meilleure prise en charge. Le travail thérapeutique approfondi ne se résume pas aux neurosciences ni à la psychiatrie.